Revenir en arrière 19/12/2019 - marcelin hellequinNépalascension

Retour sur l'aventure de Marcelin Hellequin

En septembre 2019, Marcelin Hellequin a entrepris l’ascension du Tilicho, dans le massif de l'Himalaya au Népal.

Le Tilicho Peak est un sommet qui culmine à 7 134 mètres d’altitude. Situé dans l’Himalaya, c’est l’un des plus beaux et attrayants treks du Népal, mêlant forêts, rizières, lac et glaciers. Ce défi sportif, Marcellin, l’a réalisé au profit de La Chaîne de l’Espoir.

En effet, pour sa quatrième ascension, l’alpiniste a souhaité s’engager aux côtés de La Chaîne de l’Espoir afin de venir en aide à Fortune, petite Camerounaise âgée de 6 ans qui devait être accueillie par l’antenne de Nantes pour être opérée du cœur par le Dr Olivier Baron. Malheureusement, quelques jours seulement après le début de l’ascension, la triste nouvelle est tombée : l’opération de Fortune ne sera pas possible en France.

Dans une récente interview accordée à La Chaîne de l’Espoir, Marcelin Hellequin est revenu sur les raisons pour lesquelles il a décidé de soutenir notre association, l’ascension du Tilicho Peak proprement dite et ses prochains défis.

Les motivations de Marcelin Hellequin

Comment avez-vous connu La Chaîne de l’Espoir ?

« En 2017, j’étais parti pour une expédition au sommet de 7 000 mètres dans le sud de l’Everest. À l’époque, j’ai sollicité la mairie de La Baule et une collaboratrice du service communication m’a parlé de La Chaîne de l’Espoir et de son Noël Magique m’invitant à m’associer à cette dernière pour mes ascensions. »

L’ascension du Tilicho Peak au Népal

Combien de temps faut-il pour préparer ce genre d’expédition ?

« Il y a une préparation physique, et, à 66 ans, elle est plus éprouvante pour l’organisme que l’ascension elle-même. Elle consistait en 15 kilomètres de course par jour, du vélo, du sport d’endurance car, ce qui est important, c’est le souffle. Mais, cette préparation physique ne suffit pas : il faut également une bonne préparation psychologique. L’arrêt d’une expédition n’est pas toujours dû aux conditions météorologiques mais à la condition physique ou psychologique. Il faut parfois se préparer à faire demi-tour car il y a des risques (météo, condition physique,…). Il faut savoir aussi écouter les personnes avec qui on évolue, qui sont là pour nous conseiller et guider… »

Qui vous a accompagné lors de cette ascension ?

« Nous étions en tout 9 personnes. Il y avait notamment 2 sherpas qui sont montés à partir du 24 septembre pour préparer le camp de base et l’ascension jusqu’au sommet en fixant des cordes. Il faut être toujours au plus haut sur la chaîne des crêtes pour éviter l’avalanche. Au total, cela leur a demandé 15 jours. Alors que nous entamions notre première ascension le 13 octobre vers le camp 1, les 2 sherpas eux redescendaient du sommet. Le Tilicho Peak nous était inconnu et techniquement très difficile, surtout jusqu’au camp 2 car, sur la fin de l’ascension, la pente est plus régulière. Mais, les difficultés présentées par le Tilicho sont enrichissantes, extrêmement intéressantes et nous invitent à y retourner ; ça « appelle un retour » et on ne peut pas rester sur une ascension qui s’arrête à 5 800 mètres d’altitude à cause de la météo. »

Comment s’est déroulée l’ascension et combien de temps a-t-elle duré ?  

« Le 13 octobre, nous étions au camp 1 et j’ai eu quelques migraines à cause d’une mauvaise acclimatation. Nous sommes donc redescendus au camp de base pendant 36 heures avant de remonter au camp 1 le 17 octobre. C’est à ce moment-là que le vent s’est levé. La neige a commencé à s’accumuler, et, comme il y a eu des tempêtes de neige, nous sommes redescendus en déclenchant de nombreuses avalanches à cause de la fraîcheur de la neige et de la pente. Pendant 2 jours, il y a eu beaucoup de neige et, quand nous sommes remontés, le matériel n’était plus accessible. On s’enfonçait à un mètre sous la neige. Pour s’assurer, il fallait libérer les cordes et, pour libérer les cordes, il fallait s’assurer. Bref, c’était impossible. Nous ne pouvions plus avancer. Alors, nous avons dû quitter le camp de base le 22 octobre. »

Pourquoi l’ascension a-t-elle dû être arrêtée ?

« Une grosse tempête de neige nous a obligé à rebrousser chemin alors que nous étions à 5 800 mètres. Le rendez-vous est déjà pris en 2021 pour l’ascension du Tilicho. Pour être sûr de partir sur une ascension, il faut de bonnes conditions météo et, pour être à l’abri des conditions météo et avoir une meilleure logistique, il faut 2 expéditions. Et, arrêter, ça fait partie de l’expédition, c’est le challenge. Ce qui est important, c’est de revenir. »

N’êtes-vous pas trop déçu d’avoir dû arrêter ? Qu’avez-vous ressenti ? Quel était votre état d’esprit lorsque vous avez réalisé que vous ne pourriez pas terminer l’ascension ?

« Arrêter fait partie de l’expédition. Le challenge, c’est d’aller jusqu’au sommet mais aussi d’en redescendre. Ce qui est important, c’est le retour. 99 % des accidents arrivent dans la descente car on a fourni énormément d’efforts dans la montée. Il faut être extrêmement conscient du danger lorsqu’on descend et il faut être très vigilant. C’est la raison pour laquelle lorsqu’on fait une ascension, il ne faut jamais aller au bout de ses forces dans la montée. Car, si vous donnez tout ce que vous avez pour monter, vous ne redescendez pas. »

Quelques jours après l’expédition, nous avons appris que Fortune ne pourrait pas être opérée en France. Comment avez-vous accueilli cette triste nouvelle ?

« Une semaine après le départ, nous avons su que la petite Fortune ne pourrait pas être opérée car sa pathologie cardiaque était complexe, une opération difficile aurait entrainé un risque vital. Toute l’équipe a été très touchée et attristée par cette nouvelle. Dans la culture bouddhiste des Népalais, l’optimisme prévaut, quelle que soit la situation. Nous avons donc beaucoup discuté ensemble… Cette expédition est restée dédiée à Fortune, jusqu’au bout et nous avons toujours eu une pensée pour elle. »

La suite des aventures de Marcelin Hellequin

Quelle sera votre prochaine aventure ?

« En 2020, j’ai prévu de repartir pour deux sommets de 6 400 mètres. D’ailleurs, la préparation est déjà en cours avec mon sherpa. Ce sont des sommets moins hauts mais plus techniques que le Tilicho Peak. Toujours situés au Népal, il s’agit du Pachermo et du Lobuche. L’un est situé dans l’ouest de l’Everest et l’autre dans le sud, en bas des glaciers. »