Dr Ali, le médecin tchadien de La Chaîne de l'Espoir

Comment avez-vous connu La Chaîne de l’Espoir ? Par hasard… Tout a commencé à l’hôpital de Ndjamena, la capitale du Tchad, ma ville natale.

Comment avez-vous connu La Chaîne de l’Espoir ?

Par hasard… Tout a commencé à l’hôpital de Ndjamena, la capitale du Tchad, ma ville natale. J’ai ausculté un enfant en juin 2003 pour une simple visite médicale… mais l’enfant est mort dans mes bras. Ca m’a vraiment marqué car cet enfant aurait dû vivre, il aurait dû être sauvé. Une infirmière, présente à ce moment-là, m’informe qu’il y a bien une association française, La Chaîne de l’Espoir, représentée chez nous par madame Fatimé N’Goua, pharmacienne. J’ai immédiatement pris contact avec elle pour en savoir plus et dans la foulée, j’ai constitué deux dossiers d’enfants cardiaques ne pouvant être sauvés dans mon pays et que je venais d’examiner. Voilà, le début d’une belle collaboration : les deux enfants en questions ont été pris en charge et opérés en France en février 2004. Le président de l’association Alain Deloche est venu sur place en organisant la première mission de chirurgie cardiaque en mai 2005. Je me souviens encore de ses mots en arrivant à l’hôpital : «  Mais Ali, il n’y a rien, j’ai jamais vu ça, il n’y a rien ! ». Tout est allé ensuite très vite. Il m’a demandé de l’aider dans ses actions et ça passait par une formation médicale poussée. Avec l’appui de La Chaîne de l’Espoir, j’ai pu obtenir une bourse et un mois après, j’étais ici, en France.

Que vous apporte cette formation médicale ?

Déjà, je dois dire qu’à mon arrivée, j’étais un peu perdu. La médecine, et particulièrement à l’hôpital Européen Georges-Pompidou, est très avancée. C’était le jour et la nuit… j’ai bien mis deux mois à prendre mes marques. Depuis deux ans, je me forme en échocardiographie dans le service du Pr Diebold. J’en suis ravi, c’est une vraie rencontre. Je lui dois beaucoup d’un point de vue théorique, technique et humain, il m’a beaucoup appris. Depuis cet été (donc après deux ans de formation !), je suis responsable des décisions médicales des échos que je réalise. Le fait d’être autonome et d’arriver en fin de formation m’obligent encore plus à me projeter dans ma vie chez moi, au Tchad.

Justement, de retour au Tchad, quelle est la première chose que vous allez faire ?

Je travaillerai à l’hôpital d’ Ndjamena mais je dois aussi vivre. Le salaire n’est que de 200 € environ. Je pense monter en parallèle mon cabinet médical, un petit cabinet de médecine générale. Evidemment, je prendrai quelques patients indigents en consultation, je ne veux pas revivre ma consultation de juin 2003 dont je vous parlais au début… mais maintenant, grâce à ma formation, je suis beaucoup mieux armé et je sais que pour les cas les plus lourds, incurables ici, La Chaîne de l’Espoir existe ! Après c’est l’Afrique et c’est compliqué de faire des choix entre les malades : qui a la chance de survivre ? qui a encore un avenir ? Questions éthiques… et ces choix me sont toujours douloureux. La plupart des Africains redoutent l’hôpital et viennent en dernier recours après avoir consulté marabouts et féticheurs. Là-bas, je suis harcelé par les familles. Concernant ma collaboration avec La Chaîne de l’Espoir, je m’occuperai du suivi des enfants tchadiens opérés, même ceux qui habitent loin. Je ne peux pas lâcher ces enfants ! C’est aussi ma manière de rendre pérennes les actions que j’ai commencées avec La Chaîne de l’Espoir. J’aimerais être le médecin « chaîne » du Tchad ! Je remercie l’association pour sa confiance et je pense que ce n’est que le début d’une belle histoire !