Endoscopie digestive : vers un pôle de référence en Afrique de l’Ouest

Depuis sa création en 1994, La Chaîne de l’Espoir met à profit son réseau international d’experts médicaux pour former les équipes locales dans un objectif d’autonomisation. C’est tout naturellement que l’on s’oriente aujourd’hui vers la constitution de pôles d’excellence sous-régionaux comme l’illustre le programme de soutien à l’endoscopie digestive au Sénégal (ou « programme SENENDO »). Lancé à Dakar au Sénégal en 2021, il vise à faire émerger un centre d’excellence national pour l’endoscopie digestive diagnostique et interventionnelle qui rayonnera en Afrique de l’Ouest et bénéficiera particulièrement aux enfants souffrant de sténoses caustiques de l’œsophage.

Endoscopie digestive : de vrais besoins identifiés en Afrique

Qu’est-ce que l’endoscopie digestive ?

Appelée aussi « fibroscopie », l’endoscopie digestive est une technique mini-invasive passant par les voies naturelles. Plus précisément, elle consiste en un examen médical qui permet de visualiser l’intérieur du tube digestif grâce à l’introduction par le nez, la bouche ou l’anus d’un câble souple équipé d’une caméra et d’une lampe.

Au cours des dernières années, cet acte médical a connu des évolutions significatives, tant sur le plan diagnostique que sur le plan thérapeutique. On peut citer par exemple la très haute définition de l’image pour une détection optimale des zones en relief suspectes à tous les étages du tube digestif.

En outre, de nombreux dispositifs endoscopiques ont vu le jour qui permettent d’offrir des traitements mini-invasifs en association ou en remplacement d’un geste chirurgical. Cela se traduit par :

• une diminution significative du taux de complications,
• une prise en charge majoritairement en ambulatoire,
• une préservation de l’intégrité et de la fonction des organes digestifs.

Quid de l’endoscopie digestive diagnostique et interventionnelle en Afrique ?

Avant 2005, l’endoscopie digestive interventionnelle n’existait pas en Afrique sub-saharienne ; quant à l’endoscopie digestive diagnostique, son utilisation était très limitée dans cette partie du monde. À noter l’existence d’un projet entre 2005 et 2009 pour améliorer l’accès à ce type d’examen au Sénégal. Il avait permis le développement d’un programme de formation à l’endoscopie thérapeutique et la création d’un diplôme spécifique. Toutefois, ce programme n’incluait pas l’endoscopie interventionnelle – ainsi, il n’était pas question des procédures biliopancréatiques – et il n’est plus d’actualité aujourd’hui.

Autrement dit, il existe un véritable besoin en Afrique sub-saharienne en matière de soins, de formation, d’équipements et d’infrastructures adaptées pour cet examen médical. Ce besoin est d’autant plus prégnant qu’il existe peu de centres d’endoscopie bien équipés et susceptibles de bénéficier de l’expertise d’endoscopistes et d’infirmières d’endoscopie. Enfin, principale raison de développer l’endoscopie et de créer des pôles d’excellence en Afrique de l’Ouest : l’incidence élevée de certaines pathologies comme les sténoses caustiques de l’œsophage.

Consolider et approfondir les connaissances lors des missions

Après un retour sur la 2e mission et ce qui avait été assimilé alors comme les procédures spécifiques de nettoyage des endoscopes complexes, cet approfondissement des connaissances s’est d’abord fait à travers la visualisation de nombreux gestes endoscopiques au bloc comme la dilatation endoscopique, la dissection sous-muqueuse ou encore la préparation de la salle d’intervention. Au cours de cette mission, la transmission des connaissances a aussi pris la forme d’ateliers sur des thématiques diverses (mucosectomie, injection anse diathermique, hémorragie et pose de clips). Ces ateliers ont été réalisés grâce au soutien financier de Fujifillm, partenaire du programme SENENDO.

Ce programme bénéficie du soutien précieux et indispensable des partenaires suivants :

• Fujifilm, équipementier et principal mécène,
• Boston Scientific, fourniture de dispositifs médicaux,
• Erbe, équipementier,
• Life Partners Europe, fourniture de dispositifs médicaux et matériel de formation,
• l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP),
• l’Université de Paris,
• la Société Française d’Endoscopie Digestive.

Menée par le Pr Gabriel Rahmi, une 4e mission aura lieu du 20 au 25 novembre 2022 à l’hôpital principal de Dakar pour poursuivre le renforcement des compétences des équipes médicales sénégalaises en matière d’endoscopie digestive diagnostique et interventionnelle.

Endoscopie digestive : en quoi consiste le programme SENENDO ?

Formation en endoscopie digestive : les missions de La Chaîne de l’Espoir

Le développement de l’endoscopie digestive doit se faire à travers les trois axes principaux suivants :

• Le soin,
• L’enseignement,
• La recherche.

C’est l’hôpital principal de Dakar qui accueille le centre d’expertise en endoscopie digestive et les missions de La Chaîne de l’Espoir. Il a été choisi car ses infrastructures de base sont adaptées aux caractéristiques du programme SENENDO. Les missions qui s’y déroulent présentent les caractéristiques suivantes :

• Une équipe bénévole de La Chaîne de l’Espoir constituée de 2 médecins et d’une infirmière y prend part,
• Des ateliers de simulation (modèle mécanique ou organique ex vivo) ainsi que des cours théoriques pour la formation sont organisés,
• Entre chaque mission, des vidéo-conférences ont lieu entre la France et le Sénégal ainsi qu’entre centres de la région et de la sous-région pour présenter des cas cliniques et effectuer des mises au point le cas échéant,
• Dans le cadre du compagnonnage, un stage de 4 mois d’un étudiant sénégalais est prévu au sein d’une unité d’endoscopie en France.