Anesthésie loco-régionale : le Sénégal rejoint le programme de formation
Dans la majorité des pays d’Afrique de l’Ouest, on dénombre moins d’un médecin anesthésiste pour 100 000 personnes, contre 17 en France. Selon la Fédération mondiale des sociétés anesthésistes (FMSA), les décès liés à l’anesthésie y sont 100 à 1 000 fois plus fréquents que dans les pays les plus développés.
Pour répondre à ce besoin critique, La Chaîne de l’Espoir a lancé en 2021 un programme de formation à l’anesthésie loco-régionale (ALR) échoguidée, sous la supervision du Dr Xavier Raingeval. Cette technique vise à endormir une partie spécifique du corps, plutôt que de recourir à une anesthésie générale, réduisant les risques de complications et le temps de convalescence des patients.
Après un premier projet pilote au Burkina Faso, le programme a été étendu à la Côte d’Ivoire, au Mali, au Togo et à l’Éthiopie. Les formations, délivrées lors de missions médicales de trois jours, sont renforcées par un suivi régulier et une mesure d’impact grâce à une application mobile dédiée, favorisant un apprentissage continu.
Aujourd’hui, environ 80 médecins anesthésistes sont suivis dans le cadre de ce programme, mené en partenariat avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le but est d’établir une chaîne de transmission du savoir en anesthésie, transformant chaque participant en un formateur potentiel. Au Mali, le Dr Shabani, formé par le Dr Xavier Raingeval, continue ainsi d’assurer cette transmission de compétences en autonomie.
En 2024, un nouveau pays va bénéficier de ce programme, à la demande de la société savante d’anesthésie : le Sénégal.
2 questions à
Xavier Raingeval, médecin anesthésiste et référent médical du projet
Pourquoi le développement de l’ALR
est-il important ?
Cette technique, largement utilisée en France, est encore plus vitale dans les pays à ressources limitées. L’anesthésie est fondamentale pour la chirurgie quotidienne, influençant directement la qualité et l’accès aux soins chirurgicaux pour le plus grand nombre. Son développement et sa maîtrise sont essentiels pour garantir des soins de santé plus sûrs, abordables et efficaces.
Quel est l’impact du projet ?
L’objectif est de former des anesthésistes qui deviennent à leur tour formateurs.
Par ailleurs, il s’agit d’une initiative collective, reposant sur une équipe locale motivée plutôt que sur une seule personne. Ces aspects garantissent ainsi un transfert durable de compétences et son pouvoir démultiplicateur. Sur le terrain, les professionnels de santé et les structures représentatives de la profession, comme la Société africaine d’anesthésie loco-régionale, montrent un vif intérêt. Ce projet stimule non seulement la pratique médicale mais aussi la recherche académique.
Au Burkina Faso et au Mali, par exemple, l’impact du projet se reflète dans plusieurs publications scientifiques. Ces études mettent en lumière les avantages de l’anesthésie loco-régionale, démontrant son importance croissante dans ces régions.