L’IMFE au chevet des femmes afghanes

Alors que le taux de mortalité maternelle en Afghanistan est l’un des plus élevé du monde, l’Institut Médical pour la Mère et l’Enfant (IMFE) est un pilier de la santé des femmes dans le pays. Visite à l’occasion d’une mission de formation gynécologique menée par une équipe médicale bénévole française.
Finoana, opéré à cœur ouvert à Madagascar

Installée paisiblement sur son lit d’hôpital, Zohra respire la sérénité retrouvée. « J’étais au bord du désespoir. L’opération était essentielle pour moi, mais nos finances ne le permettaient pas. Aujourd’hui, je me sens libérée de la souffrance », confie-t-elle. Âgée de 35 ans et mère de six enfants, Zohra souffrait depuis des années des conséquences d’une descente d’organes et d’une incontinence urinaire. Ces troubles impactaient gravement son quotidien, lui causant douleurs, difficultés à marcher et à s’asseoir. Au-delà de l’aspect physique, ces maux étaient un lourd fardeau social : incapable de laver ses vêtements à cause de sa condition, Zohra vivait dans la honte de son odeur corporelle et évitait les célébrations et rassemblements sociaux. Grâce à La Chaîne de l’Espoir, elle a bénéficié gratuitement d’une opération à l’Institut Médical pour la Mère et l’Enfant (IMFE) de Kaboul.

Dans une des chambres attenantes, Halima, 28 ans, se remet de son opération pour des kystes ovariens. Accompagnée de son mari, elle évoque son parcours avec des sourires timides. Avant l’intervention, elle souffrait beaucoup. Elle ne pouvait accomplir que quelques tâches ménagères simples, en raison de sa mobilité réduite. Mariée depuis plusieurs années, elle n’a pas encore pu avoir d’enfant mais l’opération pourrait ouvrir la voie à une future maternité.

Mariela, opérée à cœur ouvert à Madagascar

Une demande croissante dans un contexte de crise

Les parents de Finoana, opéré à cœur ouvert à Madagascar

Situé au pied d’une montagne couverte de bidonvilles, près des ruines de l’ancien hôpital, cet établissement a ouvert ses portes en 2005. Construit et cogéré par La Chaîne de l’Espoir, il a d’abord soigné les enfants avant d’étendre ses services aux adultes en 2016. Aujourd’hui, l’établissement propose un vaste éventail de services médicaux, incluant les urgences, la gynécologie, l’obstétrique, la néonatalogie, la cardiologie, la chirurgie, l’imagerie médicale, les analyses de laboratoire, ainsi que l’ophtalmologie et les soins dentaires.

540 femmes ont été prises en charge par La Chaîne de l’Espoir pour des soins gynécologiques à l’Institut Médical pour la Mère et l’Enfant (IMFE) de Kaboul en 2023.

« Depuis août 2021, notre activité a quadruplé. Aujourd’hui, 3 000 opérations chirurgicales sont prises en charge chaque année par notre programme »

Sonia Cautain, chef de mission de La Chaîne de l’Espoir en Afghanistan.
Dr Pierre Maminirina

Depuis 2008, le Pavillon des Femmes et des Enfants attenant offre également un hébergement essentiel pour les patients venant des 34 provinces du pays et leur famille, avec la participation du Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Unique en Afghanistan, l’IMFE est reconnu pour sa médecine et sa chirurgie d’excellence aux standards internationaux.

Face à la crise humanitaire en Afghanistan, l’IMFE a intensifié sa prise en charge des femmes et des enfants. Le retour des Talibans au pouvoir a permis une plus grande mobilité sécurisée dans le pays, ce qui a mené à une augmentation significative de l’activité de l’hôpital.

Mettre des mots sur les maux

Pour répondre à ces besoins croissants, l’hôpital a ouvert une unité de nutrition, qui est devenue le centre de référence pour la malnutrition aiguë sévère infantile. Parallèlement, son engagement envers les femmes s’est renforcé, notamment grâce à un système de référencement en collaboration avec d’autres associations, ciblant les femmes vulnérables dans les camps de réfugiés et les zones reculées. « Nous permettons aux femmes de se faire soigner pour des choses qu’elles ont elles-mêmes du mal à exprimer. Elles n’ont pas forcément la possibilité d’en parler en famille ou encore moins à un médecin au niveau de leur district ou de leur ville. Nous sécurisons ainsi la parole de la femme et l’accès aux soins sur des problèmes très intimes », explique Sonia Cautain.

Cette semaine, l’hôpital bourdonne d’une activité particulière. Une équipe bénévole, menée par le Dr Yacoub, chef de service en gynécologie obstétrique au Centre hospitalier de Beaune en France, y mène une mission de formation aux soins gynécologiques pendant toute la semaine. Les retrouvailles avec leurs homologues afghanes sont chaleureuses : bénévole à La Chaîne de l’Espoir depuis près de quinze ans, le Dr Yacoub se rend une à deux fois par an à l’IMFE pour poursuivre le partage de connaissances et garantir la qualité des soins. « Il est essentiel de former les équipes pour élever le niveau de compétences des praticiens. D’autant plus qu’il s’agit de la dernière génération de gynécologues formées car, malheureusement, il n’y a plus d’internes en gynécologie qui sortent de la faculté. Aujourd’hui, grâce à ces missions de formation, ces femmes ont un très bon niveau et font partie des meilleures gynécologues du pays », témoigne-t-elle.

Former pour pérenniser les soins maternels

Le Dr Jean-Bernard Selly et le Dr Dany Ravaoavy

Déjà exclues de l’accès à l’éducation pendant leur enfance sous le premier régime taliban, ces professionnelles de santé ont dû faire énormément d’efforts pour se former. Le manque de femmes médecins est particulièrement problématique alors que de nombreuses patientes sont réticentes, voire refusent, de consulter un homme. « Le tempérament, la volonté d’apprendre et la capacité à toujours aller de l’avant des femmes qui exercent à l’hôpital m’impressionnent. Et, aujourd’hui, elles enchaînent une à deux gardes par semaine, ce qui n’est pas évident dans le contexte familial et sociétal afghan. C’est admirable », ajoute le Dr Yacoub.

Suite à l’interdiction faite aux femmes de bénéficier d’éducation secondaire et universitaire en 2022, le Dr Rahima mesure sa chance de pouvoir exercer son métier. Formée à la faculté de médecine de Balkh, au nord de l’Afghanistan, elle exerce aujourd’hui comme gynécologue à l’Institut Médical pour la Mère et l’Enfant (IMFE) de Kaboul. Pendant toute la semaine, elle a pu réaliser des interventions chirurgicales en compagnonnage avec le Dr Yacoub. « Ces formations nous apportent beaucoup. Elles nous permettent notamment d’apprendre de nouvelles techniques. Nous avons ainsi appris cette semaine à réaliser un accouchement assisté par ventouse », décrit-elle.

Face aux difficultés croissantes rencontrées par les femmes pour bénéficier de soins, La Chaîne de l’Espoir souhaite renforcer son soutien à la maternité de l’IMFE, en développant la formation médicale, le dépistage du cancer du col et en augmentant le nombre de patientes prises en charge.

Découvrez notre action globale pour améliorer l’accès aux soins au sein de l’Institut Médical pour la Mère et l’Enfant

Découvrir notre grand projet