Anniversaire : 20 ans d’espoir au Togo

Tout a commencé en 2002 avec les premiers parrainages dans deux écoles primaires de Lomé, la capitale du Togo. Au fil du temps, l’action de La Chaîne de l’Espoir n’a cessé de se structurer et de s’étoffer dans le pays, autour de deux priorités : la santé à l’école et les soins chirurgicaux. un développement qui doit beaucoup aux équipes sur place, très mobilisées, et à leurs partenaires.
Une jeune fille au Pavillon des Enfants à Kaboul

La Chaîne de l’Espoir a célébré ses 20 ans au Togo autour du thème « Des sourires retrouvés pour un développement humain durable ».

« J’ai le plaisir de vous annoncer que je suis titulaire d’une licence de droit public et bientôt d’une autre en sciences de l’éducation ! »  L’avenir est désormais ouvert pour Fousseni Nibombé, âgé de 26 ans et atteint d’un glaucome qui l’a rendu mal-voyant. Enfant, il a été soutenu par La Chaîne de l’Espoir. Il a donc tenu à apporter son témoignage lors de l’événement célébrant les 20 ans d’action de l’association au Togo. « J’ai subi des humiliations, des insultes en raison de mon handicap. Mais aujourd’hui, j’ai retrouvé espoir et j’aimerais exprimer toute ma gratitude, car vous m’avez accompagné jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat. »

40 % de la population togolaise a moins de 15 ans.

Najiya et sa fille Amina à l'unité de nutrition de Kaboul

« 20 ans de transformations et d’évolutions, de travail ardu de tous les maillons, de réponses aux besoins des populations les plus vulnérables, d’investissement dans le capital humain, d’espoir redonné aux enfants exclus, stigmatisés, souffrant de pathologies nécessitant une intervention de chirurgie orthopédique, viscérale, maxillo-faciale, cardiaque… 20 ans de sourires retrouvés. »

Espoir Datchidi, chef de mission Togo-Bénin

Montée en puissance

Donner aux enfants la possibilité de se créer un futur a toujours été le fil conducteur de La Chaîne de l’Espoir au Togo. Tout d’abord avec des actions de parrainage et d’appui à la scolarisation des plus vulnérables, puis avec des actions plus globales de santé scolaire, jusqu’à la création du projet « Ma santé, mon école : un enjeu collectif au Togo » * avec l’appui financier de l’Agence Française de Développement.

Cette montée en puissance repose sur les relations étroites nouées par l’équipe sur place avec les acteurs institutionnels et associatifs. C’est le cas de l’association théâtrale Nyagbé qui collabore avec La Chaîne de l’Espoir : « Nous avons notamment créé ensemble des clubs d’expression écrite, orale et artistique dans différentes écoles de Lomé afin d’encourager les prises de parole en public des plus jeunes, mais aussi de sensibiliser aux thématiques de la santé, explique Marielle Edorh, sa coordinatrice. Ce partenariat nous a également permis de grandir. Avec les équipes de La Chaîne de l’Espoir, nous avons énormément appris en matière d’accompagnement et de gestion de projet. »

* Ma santé, mon école : un enjeu collectif au Togo : La phase 1 de ce projet (2019-2022) visait à améliorer les conditions d’apprentissage des enfants et les capacités de la communauté scolaire en matière de santé (prévention), dans 8 écoles publiques de Lomé. Sa phase 2 (2022-2025) poursuit ce travail en l’élargissant à 16 écoles de Lomé et en mettant un accent particulier sur le dépistage précoce et la prise en charge des troubles de l’apprentissage chez les élèves de maternelle et primaire.

Une mère avec sa fille à l'IMFE de Kaboul
Un père avec sa fille à l'IMFE de Kaboul
Un père avec son enfant à l'IMFE de Kaboul

Soigner, Former, Renforcer

Cet ancrage dans la durée se retrouve pour les soins chirurgicaux, notamment au travers du partenariat avec le CHU Sylvanus Olympio (CHUSO) de Lomé. Ici aussi, l’approche se veut globale afin de renforcer l’accès aux soins de chirurgie pour les enfants du pays. Et ce, grâce à des missions dans la capitale et dans des villes de province qui ne disposent pas de service de chirurgie pédiatrique, des séminaires de formation théorique et pratique des professionnels de santé de l’Afrique de l’Ouest sur la chirurgie pédiatrique, des dons d’équipements médicaux et même la réhabilitation de l’unité des grands brûlés du CHUSO. Ces actions de La Chaîne de l’Espoir viennent en réponse aux enjeux sanitaires du Togo.
Le Pr Jean-Pierre Gnassingbé, chef du service de chirurgie pédiatrique du CHUSO, le confirme : « Le pays compte à ce jour 6 chirurgiens pédiatriques pour plus de 8 millions d’habitants. Et ils se trouvent majoritairement à Lomé. Autre particularité : ce sont les familles qui doivent payer les consommables et implants pour l’opération. » Conséquence : certaines familles ne reviennent jamais, ou alors seulement au bout de plusieurs mois.

Les missions itinérantes de chirurgie pédiatrique permettent d’aller à la rencontre des patients, de mener des consultations à grande échelle (jusqu’à 500 enfants sur quelques jours) et d’opérer gratuitement ceux qui en ont le plus besoin (jusqu’à une trentaine par jour). Elles sont également l’occasion de former sur le terrain les professionnels de santé. « Ces missions offrent l’opportunité aux étudiants du CHUSO de découvrir des cas qu’ils n’ont pas l’habitude de voir à Lomé. Ils y apprennent beaucoup. Elles sont aussi utiles pour faire comprendre aux populations que certaines maladies qu’ils pensent incurables ou de l’ordre de la malédiction sont en fait des pathologies opérables », précise Espoir Datchidi.

Najiya et sa fille Amina à l'unité de nutrition de Kaboul

« Au Togo, il y a une dizaine d’anesthésistes et la spécialité pédiatrique n’existe pas. Sur place, j’ai l’occasion de partager mon savoir-faire avec les techniciens d’anesthésie. Et de mission en mission, on constate une montée en compétences, surtout dans la prise en charge des tout-petits. Voir les familles et les enfants retrouver le sourire et les équipes soignantes se mobiliser avec une telle volonté, c’est vraiment très fort… »

Chantal Chazelet, anesthésiste pédiatrique au CHU de Grenoble, accompagne ce type de mission depuis près de dix ans.

2 questions à

Pierre Midrefao, assistant des programmes Santé scolaire depuis 20 ans au sein de La Chaîne de l’Espoir

Quelles sont pour vous les plus belles réussites de La Chaîne de l’Espoir au Togo ?

Elles sont nombreuses, mais j’en citerai trois qui démontrent la diversité de ses actions. D’abord, la rénovation en 2011 de l’école primaire publique Adjallé, qui était complètement délabrée à cause des pluies. L’objectif était d’offrir aux élèves un lieu d’étude plus adapté et sécurisé. Ensuite, ce sont des centaines d’enfants qui ont pu être soignés, soit en étant transférés en France ou au Sénégal, soit sur place lors des missions itinérantes ou au CHU Sylvanus Olympio. Enfin, le programme de santé scolaire a permis de renforcer les compétences des communautés éducatives sur les thèmes de la non-violence, de la santé reproductive et sexuelle, de l’hygiène menstruelle, etc.

Quelles sont pour vous les prochaines perspectives ?

La Chaîne de l’Espoir a su faire ses preuves auprès des autorités compétentes dans le pays. Elle est identifiée comme un partenaire fiable.  Les nombreuses sollicitations de coopération qu’elle reçoit en sont la preuve. À l’avenir, de nouveaux chantiers seraient à ouvrir, notamment en anesthésie ou en santé maternelle et infantile. D’autres zones géographiques seraient également à couvrir. Pour construire ces actions, la visibilité acquise durant ces vingt ans représente un excellent outil.

Deux décennies au service des enfants

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