Afrique de l’Ouest : former les chirurgiens pédiatriques de demain
C’est dans cette perspective que notre association a lancé en 2014 un programme d’appui à l’enseignement de la chirurgie pédiatrique. Dans ce cadre, elle organise et finance des séminaires communs aux DES-CP de Côte d’Ivoire, du Togo, du Bénin, du Sénégal, de la Guinée Conakry, du Mali et du Burkina Faso*. « Ce programme entre en parfaite cohérence avec nos missions, puisque l’un des piliers de notre action est la formation », rappelle Camille Nicolas, coordinatrice Programmes Multi-Pays Afrique.
Une indispensable spécialisation
« Pour ma part, je viens de République démocratique du Congo. Beaucoup d’enfants arrivent à l’hôpital et nous ne pouvons pas les soigner, car nous manquons des expertises nécessaires, relate Hilaire Muhindo Mutuka. C’est ce qui m’a vraiment motivé à devenir chirurgien et à me spécialiser en pédiatrie. Pour cela, je suis parti étudier au Bénin. C’est là que j’ai pu suivre le DES-CP. »
Allier théorie et pratique
« Ces mises en situation concrètes sont propices à des échanges très riches avec les étudiants. Nous sommes là pour répondre à toutes leurs questions », précise Agnès Liard. Chirurgienne pédiatrique au CHU de Rouen et bénévole pour La Chaîne de l’Espoir, elle est la référente médicale du programme. « L’objectif est de leur apporter un très haut niveau d’enseignement, aussi exigeant que celui prodigué à nos étudiants en France, tout en leur donnant à voir le plus de cas spécifiques possibles. »
Un réseau régional
* Les universités d’Abidjan (Côte d’Ivoire), de Lomé (Togo), de Cotonou (Bénin), de Dakar (Sénégal), de Conakry (Guinée), de Bamako (Mali) et de Ouagadougou (Burkina Faso) proposent un Diplôme d’Études Spécialisées en chirurgie pédiatrique (DES-CP) reconnu par le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) et dont le contenu est harmonisé par l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS).
Nathalie Kapessa Dinganga, étudiante en 5e année de DES-CP à Lomé (Togo)
Que retenez-vous des deux séminaires organisés par La Chaîne de l’Espoir que vous avez suivis en 2023 et 2024 ?
J’ai apprécié rencontrer des professeurs en chirurgie pédiatrique, comme Agnès Liard, qui sont venus partager leurs connaissances, mais aussi leur expérience. On apprend beaucoup. D’autant que ces séminaires sont couplés à des séances pratiques où des enfants sont sélectionnés pour être opérés. Cela nous donne l’opportunité d’assister à des interventions dans un amphithéâtre où un professeur est disponible pour répondre à toutes nos questions en direct. C’est très concret et interactif. En parallèle, j’ai aussi participé à une mission itinérante au Togo au printemps 2023. Nous avons ainsi opéré 127 enfants en cinq jours. Cela enrichit considérablement notre savoir-faire.
Comment vous projetez-vous dans la suite de votre parcours ?
J’arrive à la fin de mon cursus de formation. Ensuite, je souhaite rentrer chez moi, en République démocratique du Congo, pour pratiquer en tant que chirurgienne pédiatre et finir ma thèse. Mon objectif est de devenir professeure et transmettre à mon tour mon expertise. Dans mon pays, il n’existe pas encore de DES-CP. Des médecins français (de l’hôpital Necker-Enfants malades de Paris, du CHU de Besançon…) viennent fréquemment pour enseigner. Mais ce n’est pas suffisant pour couvrir les besoins de près de 100 millions d’habitants. Nous avons besoin de former nos propres chirurgiens pédiatres.