Afghanistan : de retour de mission, le Dr Éric Cheysson, Président de La Chaîne de l’Espoir, témoigne

Retour sur la mission en Afghanistan du Dr Éric Cheysson, président de La Chaîne de l'Espoir.
Une jeune fille au Pavillon des Enfants à Kaboul

Premier french doctor à avoir posé le pied en Afghanistan en 1980 avec son ami et confrère Patrick Laburthe, le Dr Éric Cheysson est particulièrement attaché à ce pays.

En tant que président de La Chaîne de l’Espoir, il y retourne régulièrement pour participer au Conseil d’administration de l’Institut Médical Français pour la Mère et l’Enfant (IMFE), hôpital que nous avons construit, échanger avec les équipes et constater de ses yeux la situation sur place. Il était à Kaboul en novembre 2023. État des lieux.

Les conséquences de l’afflux de patients

Une jeune fille au Pavillon des Enfants à Kaboul

Bien entendu, une telle situation n’est pas sans incidence pour l’IMFE et son bon fonctionnement. Ainsi, dans un contexte déjà extrêmement difficile et complexe, il faut notamment :

  • Veiller au maintien d’une « puissance électrique suffisante et continue pour l’ensemble des secteurs clés » d’autant plus que l’électricité est coupée plusieurs fois par jour, 
  • Affronter un problème d’alimentation en eau causé par des sécheresses graves et récurrentes obligeant à creuser un nouveau puits jusqu’à 220 mètres de profondeur pour atteindre la nappe phréatique,
  • Composer avec l’importante « fuite des cerveaux » constatée depuis l’arrivée au pouvoir des talibans se traduisant par le départ de 160 médecins et infirmières. Des départs compréhensibles car, « tout médecin, toute infirmière qui a une petite fille, une jeune fille à la maison, ne peut supporter l’absence totale d’avenir que leur offre ce régime », selon le Dr Éric Cheysson

L’Hôpital français face à l’afflux des patients

Dès son arrivée à l’IMFE, appelé aussi « Hôpital français de Kaboul », le Dr Éric Cheysson a constaté que l’établissement hospitalier faisait face à un afflux très important de patients, et ce, quel que soit le service concerné (chirurgie pédiatrique, service de nutrition, laboratoire, radiologie, scanner, réanimation,…).

Selon lui, les causes sont multiples :

  • L’explosion des besoins liés à la crise humanitaire,
  • Le rétablissement de la sécurité qui facilite les déplacements,
  • La défaillance de très nombreux centres de santé (salaires non payés, absence de consommables médicaux et de médicaments) et notamment ceux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR),
  • L’impossibilité pour une grande part de la population d’accéder aux soins d’infrastructures de santé privées, en raison du niveau de pauvreté élevé

Quelques chiffres suffisent à illustrer cette tension au sein de l’hôpital qui affecte aussi notre Pavillon des Femmes et des Enfants : entre janvier et septembre 2023, il y a eu plus de 10 000 admissions à l’hôpital dont 4 000 opérations chirurgicales et 442 opérations de chirurgie cardiaque à cœur ouvert. Des chiffres considérables donc.

Et, Éric Cheysson de constater : « Jamais nous n’avions atteint un tel volume. »

Un contexte de crises multiples et dramatiques

Comme si tout cela ne suffisait pas, l’Afghanistan s’enfonce aujourd’hui dans une terrible crise économique qui frappe de plein fouet la population et en premier lieu les enfants.

Ainsi, comme le rappelle le Dr Éric Cheysson, « avant l’arrivée au pouvoir des talibans, le budget de l’État Afghan s’élevait environ à 9 milliards de dollars et reposait à plus de 75 % sur l’aide internationale, très majoritairement américaine. Avec la fin de l’aide internationale, ce budget s’est drastiquement réduit. Par ailleurs, le régime taliban fait face à une crise de liquidités liée aux sanctions financières américaines, et notamment au gel d’environ 10 milliards de dollars de la Banque centrale afghane. Le gouvernement taliban tente de compenser ces pertes en augmentant les exportations, notamment de charbon, et surtout en multipliant les taxes aux frontières et les droits de douane. Les ONG n’en sont pas exemptes. »

Enfant souffrant de malnutrition en Afghanistan accompagné de sa mère

Conséquence pour les Afghans : une aggravation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire. D’ailleurs, c’est en réponse à cette crise alimentaire que nous avons créé au sein de l’IMFE une unité de nutrition qui propose des consultations et le cas échéant une hospitalisation pour les cas les plus graves de malnutrition infantile.

En dépit de tous ces vents contraires, La Chaîne de l’Espoir tient bon et reste pleinement mobilisée aux côtés des femmes et des enfants afghans. Comme le rappelle avec force le Dr Éric Cheysson : « En aucun cas nous ne pouvons abandonner l’Afghanistan ! ».

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