Retour d’expérience : une jeune interne découvre la médecine humanitaire en Jordanie
Parmi les 4 piliers de La Chaîne de l’Espoir, on trouve la formation des équipes médicales et paramédicales locales. Assurée grâce au réseau international d’experts en santé de l’association, elle bénéficie d’abord aux équipes présentes dans les pays d’intervention de La Chaîne de l’Espoir. Mais, elle constitue aussi une expérience précieuse et formidable pour les jeunes médecins bénévoles. Une récente mission de chirurgie orthopédique en Jordanie illustre cette expérience.
En Jordanie, l’accès aux soins des enfants de plus en plus difficile
Selon l’Unicef, 85 % des enfants réfugiés syriens qui se trouvent en Jordanie vivent sous le seuil de pauvreté. On constate également que 45 % d’entre eux âgés de moins de 5 ans ne bénéficient pas d’une prise en charge médicale adaptée. Ces difficultés dans l’accès aux soins touchent aussi les enfants jordaniens les plus pauvres.
C’est dans ce contexte sanitaire dégradé que La Chaîne de l’Espoir intervient pour apporter des soins médico-chirurgicaux aux enfants jordaniens les plus vulnérables et aux enfants syriens souffrant de pathologies cardiaques et orthopédiques venant des camps de réfugiés.
En 2021, 31 enfants ont pu être opérés pour des pathologies cardiaques grâce à une mission internationale bénévole et quatre missions locales. Parallèlement, 187 enfants ont bénéficié d’une opération orthopédique réalisée grâce à quatre missions internationales médicales bénévoles et quatre missions menées par des chirurgiens locaux. Une prise en charge psychosociale a aussi été proposée.
Ce programme bénéficie du co-financement de la Commission européenne pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire (ECHO). À compter de septembre 2022 et pour une durée de trois ans, l’Agence Française de Développement (AFD) financera un projet pour améliorer l’accès aux soins et le renforcement des capacités locales pour une meilleure prise en charge des enfants en situation de handicap ou de risque de handicap dû à des affections congénitales orthopédiques.
Julia Royer, interne en orthopédie pédiatrique, témoigne
Du 23 au 30 octobre 2021, La Chaîne de l’Espoir a mené une mission de chirurgie à Amman en Jordanie pour la prise en charge médicale de pathologies orthopédiques des membres inférieurs (hanches, genoux, pieds,…) ainsi que des troubles d’axe et neuro-orthopédiques.
Dans le cadre de cette mission humanitaire, le Pr Yan Lefèvre et le Dr François Semjen, respectivement pédiatre orthopédique et anesthésiste pédiatrique à Bordeaux, se rendaient pour la 3e fois dans la capitale jordanienne. Julia Royer, jeune interne en 5e semestre d’orthopédie pédiatrique à Bordeaux, les a accompagnés pour sa 1re expérience de l’humanitaire.
Au sujet de cette mission chirurgicale de La Chaîne de l’Espoir, l’interne évoque un sentiment d’appartenance à l’équipe médicale locale, toujours volontaire et désireuse d’apprendre, d’être formée. Cela s’est traduit par une compréhension mutuelle immédiate malgré la barrière de la langue et une réelle efficacité ainsi qu’une ambiance de travail conviviale.
La 1re journée de la mission a été consacrée aux consultations médicales et au total ce sont plus de 60 enfants malades qui ont été vus au cours de ce seul jour. Un moment à la fois riche et intense pour les médecins bénévoles de La Chaîne de l’Espoir. Ce fut également très formateur pour Julia Royer qui a vu par exemple en consultation des luxations de hanches d’enfants assez âgés. Des pathologies à un stade beaucoup plus avancé qu’en France.
Le reste de la semaine a été dédié aux opérations avec de longues journées s’étalant de 8h jusqu’à 21h voire 22h certains jours. Ce volet opératoire a permis la prise en charge d’une vingtaine d’enfants et s’est avéré très enrichissant pour Julia Royer. En effet, sous la supervision du Pr Yan Lefèvre qui montrait et faisait faire, elle a pu aller au bloc tous les jours, ce qui n’est pas toujours possible en France car, comme elle le confie, « il faut tourner avec les autres internes ». Lors de cette mission, elle était soit la 1e aide, soit l’opérateur, et ce, pendant cinq jours, ce qui est « exceptionnel » pour elle.
Au moment de résumer en quelques mots cette mission avec La Chaîne de l’Espoir, l’interne évoque une expérience « très intense, passionnante, enrichissante, pédagogique ». De son aveu même, elle a ainsi pu faire un « immense bond en avant » en seulement quelques jours. Un enthousiasme partagé par son mentor, le Pr Yan Lefèvre, qui confirme qu’il s’agit d’une « expérience extrêmement enrichissante qui lui permet à lui aussi d’apprendre ». Il aurait d’ailleurs rêvé de pouvoir prendre part à une telle mission quand il était interne. Car, participer à ces missions médicales permet de se connecter à la philosophie du métier médical : l’humanisme et l’humanité. C’est l’essence même de la médecine. C’est d’abord être auprès des autres et les aider.
En creux, les déclarations de Julia Royer laissent apparaître que les missions de La Chaîne de l’Espoir qui visent à la formation des équipes médicales locales contribuent par ricochet à celle des internes devenant ainsi de meilleurs professionnels de santé au quotidien et bien entendu lorsqu’ils partent avec La Chaîne de l’Espoir. Toutefois et il est important de le souligner, les internes ne sont jamais laissés seuls : le chirurgien senior est toujours responsable et les médecins bénévoles, quel que soit leur niveau d’expérience, doivent agir en mission comme ils agissent dans leurs lieux d’activités hospitaliers ou privés français. Autrement dit, les patients ne sont jamais laissés aux internes et, en mission, il n’est pas question d’accepter de travailler dans des conditions qui feraient courir le moindre risque aux patients. Il y va de l’éthique et de la déontologie des actions médicales de La Chaîne de l’Espoir.
aider les réfugiés en Jordanie