Journée des Nations unies pour la coopération Sud-Sud
Le 22 décembre 2011, l’Assemblée Générale des Nations unies (NU) décide que la Journée pour la coopération Sud-Sud sera célébrée chaque année le 12 septembre. Le même jour, l’organe de l’Organisation des Nations unies (ONU), qui possède un rôle consultatif pour les questions relatives au maintien de la paix et à la sécurité internationale, décide qu’à l’occasion de cette Journée sera aussi célébré le plan d’action de Buenos Aires pour la promotion et la réalisation de la coopération technique entre les pays en développement. Mais, au-delà de ces aspects historiques, en quoi consiste cette Journée des Nations unies pour la coopération Sud-Sud ? Comment La Chaîne de l’Espoir agit-elle pour contribuer à la mise en œuvre d’une telle coopération dans ses différents pays d’intervention ?
Qu’est-ce que la Journée des NU pour la coopération Sud-Sud ?
Un médecin originaire du Burkina Faso se forme au Vietnam.
En 2011, l’ONU a donc instauré une Journée pour la coopération Sud-Sud. Objectif : souligner l’importance de l’entraide entre pays du Sud ; une entraide qui contribue notamment à améliorer les conditions de vie des populations.
Mais, comment faut-il comprendre et interpréter l’expression « coopération Sud-Sud » qui figure au cœur de cette journée du 22 décembre ? Selon l’ONU, la coopération Sud-Sud s’entend de la « coopération technique entre les pays en développement du Sud ». Pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, cette coopération technique correspond à l’« engagement de personnes possédant les compétences techniques spécifiques et pertinentes pour appuyer un dialogue inclusif au niveau des pays, les activités préparatoires, les procédures d’établissement des subventions ou la mise en œuvre des programmes qu’il soutient ».
Enfin, d’après l’ONU, cette coopération entre pays en développement constitue une « manifestation de la solidarité entre les pays du Sud qui, ensemble, contribuent au bien-être de leurs populations, ainsi qu’à leur autonomie économique ». La finalité de cette coopération technique ? « Accélérer les progrès vers la mise en œuvre des 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies ».
Quels sont les 17 ODD des Nations unies ?
Il s’agit des 17 objectifs établis par les États-membres des NU et rassemblés dans l’Agenda 2030. Ce dernier a été adopté par l’ONU en septembre 2015 après deux années de négociations auxquelles ont pris part les gouvernements ainsi que la société civile.
- Éradication de la pauvreté,
- Lutte contre la faim,
- Bonne santé et bien-être,
- Éducation de qualité,
- Égalité entre les sexes,
- Eau salubre et assainissement,
- Énergies fiables, durables et modernes, à un coût abordable,
- Travail décent et croissance économique,
- Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation,
- Réduction des inégalités,
- Villes et communautés durables,
- Consommation et production responsables,
- Lutte contre les changements climatiques,
- Conserver et exploiter de manière durable les océans et les mers aux fins du développement durable,
- Vie terrestre,
- Justice et paix,
- Partenariats pour la réalisation des objectifs.
Coopération Sud-Sud : quelles sont les initiatives de La Chaîne de l’Espoir ?
Une semaine avant le Sommet 2023 sur les ODD prévu à New York les 18 et 19 septembre 2023, une commémoration de haut niveau aura lieu le 12 septembre à l’initiative de l’ONU. Ce temps fort sera mis à profit pour sensibiliser sur cette problématique spécifique et accélérer les actions concrètes en faveur de la coopération Sud-Sud. Cette commémoration de haut niveau permettra :
de mettre en lumière les besoins émergeant de différentes régions du monde,
de présenter des initiatives qui visent à réaliser les priorités les plus urgentes du Programme 2030 par les États Membres, le système des Nations Unies, le secteur privé ainsi que la société civile.
À La Chaîne de l’Espoir, la coopération Sud-Sud est l’une des composantes de notre quotidien humanitaire. Ainsi, grâce à l’expertise de notre réseau médical, nous contribuons à la mise en œuvre d’une coopération médicale entre des équipes issues de pays en développement. Concrètement, les équipes paramédicales et médicales sont formées par leurs pairs, eux-mêmes formés initialement par les médecins bénévoles de l’association. À la faveur de ces initiatives, les équipes paramédicales et médicales concernées acquièrent de nouvelles compétences et gagnent en autonomie afin de pouvoir in fine opérer seules les enfants malades de leur pays.
En mars 2016, une équipe médicale sénégalaise s’est rendue à l’Institut du Cœur Viện Tim situé à Hô Chi Minh-Ville au Vietnam pour y suivre une formation de 6 mois. Cette équipe était composée des personnes suivantes :
- Paulette Flavine Mendy, infirmière,
- Dioumdiouka Diouf, infirmière,
- Sada Birane Wane, infirmier,
- le Dr Étienne Sene, anesthésiste-réanimateur,
- le Dr Dominique Bindia Indega, cardiologue,
- le Pr Gabriel Ciss, chirurgien cardiaque.
Réalisée par l’équipe formée en 1996 par le Pr Alain Deloche à l’hôpital Broussais à Paris, cette formation médicale s’inscrivait dans un contexte particulier : la construction du Centre Cardio-pédiatrique Cuomo (CCPC) qui a ouvert ses portes le 10 novembre 2016 à Dakar. Construite et équipée aux standards internationaux, cette structure de santé constitue un outil d’exception dans le parcours de soins des enfants. Et, grâce à la coopération Sud-Sud entre le Sénégal et le Vietnam, l’équipe médicale formée pendant 6 mois a pu, dès l’année suivante, opérer 137 enfants souffrant de diverses pathologies cardiaques dans l’hôpital nouvellement construit.
À l’été 2019, c’est cette fois une équipe médicale originaire du Burkina Faso qui s’est rendue à l’Institut du Cœur d’Hô Chi Minh-Ville pour bénéficier d’un transfert de compétences. Après une formation initiale au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Clermont-Ferrand, 3 médecins burkinabés – à savoir le Dr Adama Sawadogo, chirurgien cardio-vasculaire, le Dr Farid Belem et le Dr Ahmed Ouattara, tous deux anesthésistes-réanimateurs – se sont rendus comme leurs prédécesseurs sénégalais au Vietnam pour une formation de 2 mois. Cette coopération Sud-Sud devait satisfaire à un objectif particulier et ambitieux : pouvoir réaliser des opérations à cœur ouvert au CHU de Tengandogo dès la fin 2019. Si l’agenda a été bousculé par la crise sanitaire du covid-19, des enfants souffrant de graves cardiopathies ont effectivement été opérés au sein de l’établissement hospitalier burkinabè en janvier 2021.
Parmi eux, la jeune Zalissa, 1er patient opéré à cœur ouvert de l’histoire médicale du Burkina Faso.
À l’été 2021, les Sénégalais ont à leur tour transféré leurs compétences à leurs homologues maliens. Ainsi, du 22 au 28 août, le Pr Papa Salmane Ba, chirurgien cardiaque, Arona Lo, infirmier de réanimation et Ouma Sengho, perfusionniste, tous issus du CCPC, étaient présents au Centre André Festoc, plateau technique dédié́ à la chirurgie cardiaque pédiatrique au sein de l’Hôpital Mère-Enfant « Le Luxembourg » (HMEL) de Bamako. Ce nouveau transfert de compétences doit permettre le renforcement des équipes chirurgicales au Mali pour la prise en charge des communications interventriculaires (CIV), pathologie cardiaque congénitale caractérisée par un défaut de fermeture de la cloison entre les ventricules droit et gauche. Conséquences : le sang emprunte une mauvaise voie, ne se réoxygène pas correctement et inonde les poumons.
À noter que cette stratégie doit se déployer sur une durée de 3 ans. Des référents médicaux ont été identifiés pour former l’équipe médicale malienne sur les différentes maladies du cœur qui nécessitent un renforcement de compétences et, à terme, l’équipe médicale du Centre André Festoc pourra prendre en charge de manière autonome les enfants souffrant de diverses pathologies cardiaques.
Du 20 février au 20 mai 2022, une équipe chirurgicale du Centre hospitalier de Soavinandriana (CENHOSOA) à Madagascar a effectué un séjour de formation au Centre Cardio-pédiatrique Cuomo de Dakar au Sénégal. Objectif : permettre à ces praticiens de développer leur expertise médicale afin d’être prêts pour les 1ères opérations à cœur ouvert de l’histoire médicale malgache.
Depuis l’automne 2022, avec la soutien de La Chaîne de l’Espoir, l’équipe médicale du CHU de Tengandogo réalise des opérations à cœur ouvert en autonomie. C’est ainsi que le 11 octobre, Cédric, âgé de cinq ans, a été le premier enfant opéré à cœur ouvert de façon autonome par le Dr Adama Sawadogo et son équipe. Cette prouesse a permis de sauver le jeune garçon qui, depuis sa naissance, souffrait d’une grave pathologie cardiaque menaçant sa vie. Ainsi, les promesses entrevues à l’été 2019 à Ouagadougou se sont pleinement réalisées un peu plus de 3 années plus tard. Désormais le Dr Adama Sawadogo et son équipe réalisent une à deux interventions chirurgicales à coeur ouvert par semaine avec notre appui. Une belle réussite et un exemple concret de ce qu’il est possible de réaliser grâce à la coopération Sud-Sud.
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